L'Arène
Des bouts d'écriture qui mis bout à bout feront peut-être un jour un livre ~(^-^)~
« La vie est un combat et le monde une arène.» - N’Da Jean-Marc Yapo -
La première chose que vous avez fait juste après avoir lu cette citation et avant même de lire le nom de son auteur c’est de vous positionner : « d’accord » ou « pas d’accord » et alors que vous continuez votre lecture, en arrière tâche, votre cerveau est entrain d’échafauder tous les arguments pour étayer votre opinion sur le sujet.
Et peut-être que là encore une nouvelle pensée émerge : « d’accord » ou « pas d’accord » avec ce que je viens d’écrire et à nouveau ce dialogue en arrière plan de votre lecture qui argumente, trie, choisit, juge, valide, condamne.
C’est exactement ainsi que commence une guerre… une agitation à l’intérieur de soi…
J’ai eu beau m’en défendre et y aller à coup d’arguments tous plus ingénieux les uns que les autres mais j’ai bien dû me rendre à l’évidence : ma vie était bien un combat et le monde une arène. Bien sûr, cela a été d’autant plus compliquée que je me perçois comme quelqu’un de très pacifique.
C’est bien simple si tout le monde était comme moi, il est certain qu’il n’y aurait pas de guerre en ce bas monde !
Pourtant, il m’a fallu répéter en boucle les mêmes schémas jusqu’à ce qu’un jour, par lassitude sans doute, je réalise que la personne de paix que je suis et mes hautes valeurs morales à travers lesquelles je me définissais n’était qu’une pommade de complaisance…
Dans les faits et dans mes comportements, j’étais une guerrière des plus redoutables parfaitement aguerrie aux techniques les plus sophistiquées de combat pour défendre mon bout de Soi et tout ce que j’y avais intégré bon gré mal gré : ma famille, mes amis, ma voiture, ma maison, mon jardin, mon vélo, mon sac à dos, mon ordi, mon stylo, tous mes « mes, mon ma ». Sans aucun scrupule, ni aucun état d’âme, j’ai su aussi partir en guerre contre ma famille et mes amis. Malheureusement sur le moment, et le moment a parfois duré des années, je ne me suis pas rendue compte que ce sont les guerres les plus terribles que j’ai conduites…
D’aussi loin que je me souvienne, je suis rentrée dans l’arène le jour où ma petite sœur est née. Sans le savoir, je me suis transformée en guerrière le jour où je me suis sentie évaluée et comparée à elle. Brillante et jolie petite poupée avec de beaux cheveux longs, des cils de biche, elle était adulée par mes parents, les oncles, les tantes, les amis, TOUTE la famille. Le monde ENTIER n’avait d’yeux que pour elle. J’essayais de trouver un peu de réconfort en me contre-comparant à elle avec ce dialogue intérieure : « peut-être brillante et jolie à 10 ans elle ne sait même pas faire du vélo sans les petites roulettes(alors que moi oui !); « peut-être jolie mais elle a quand même du mal avec les tables de multiplication (et moi non !) »
Ainsi, ma première grande guerre a été celle que j’ai menée contre ma petite sœur que je considérais comme une menace qui m’enlèverait MON papa et MA maman et MA place dans leur cœur.
Inutile de vous dire que je n’ai jamais gagné cette guerre. Car outre qu’il n’y avait rien à gagner (mais je ne le savais pas alors) j’ai changé de stratégie - je me suis blindée pour ne pas souffrir de ce « focus » de mes parents sur ma sœur que j’interprétais comme un manque d’amour vis à vis de moi.
Ce n’est que plus tard - bien plus tard mais pas trop tard - que j’ai compris qu’il n’y avait pas de place à perdre ou à gagner et que l’amour que mes parents nous portait à ma sœur et moi n’avait jamais été alloti. Il était unique et entier et nous englobait toutes les deux…
Cette première guerre a été suivie de nombreuses autres et j’ai ainsi poursuivi ma longue carrière de guerrière. Chaque situation que je voyais comme une menace de perdre mon trône devenait une arène de prédilection pour livrer bataille au nom de cette noble cause : celle de l’ego autrement dit celle de mes peurs... Je ne me voyais d’ailleurs pas comme une guerrière mais comme une victime en droit de défendre ou revendiquer son droit à la parole, à la reconnaissance, au respect, son identité, ses valeurs, ses opinions, ses jugements, etc, etc... De victime, je me suis transformée en impitoyable bourreau des temps modernes. Pas de hache, ni de guillotine, juste des plaidoyers que je mettais des heures, des jours à fomenter pour terrasser mes bourreaux, mes futures victimes, des réparties bien tournées et élégantes dont l’ultime finalité est de montrer à quel point ils étaient méprisables tant sur le fond que sur la forme, une façon de les achever en montrant que moi au moins je savais y mettre la forme.
Oui, c’est loin d’être glorieux mais j’ai besoin aussi de me pardonner pour avancer …
… à suivre dans une prochaine newsletter : De guerre en guerre