Une autre attitude face à l'avenir : la prospective !
La prospective : c'est quoi ? pourquoi ? comment ?
Pourquoi la prospective ?
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où le quotidien est rempli d’une succession d’urgences à gérer. Le nez dans le guidon, pour chacun individuellement et collectivement, l’avenir manque de perspectives et apparaît bien incertain.
Face à cette incertitude, deux attitudes dominent :
Subir comme l’autruche qui se cache et subit les évènements
Réagir : “gérer” l’urgence en restant focus sur les effets sans s‘interroger sur les causes - subir les effets (des feux qui s’allument et que l’on doit éteindre et ne pas se poser la question des causes)
La prospective est une réflexion pour l’action et l’anti-fatalisme. Elle part du postulat que l’avenir n’est écrit nulle part et qu’il est donc entièrement à écrire. Ainsi, elle transforme l’incertitude en un espace où tout est à inventer et redonne sa liberté et son sens à l’action humaine dans le présent.
Gaston Berger, le père fondateur de la prospective en France, disait « L’avenir est la raison d’être du présent. »
Ce postulat de la prospective induit deux autres attitudes face à l’avenir :
pré-actif : se préparer aux changements prévisibles
pro-actif : provoquer les changements souhaités
Ainsi la prospective invite à devenir acteur et auteur de son avenir.
La prospective ce n’est donc …
ni une prévision : puisque cela reposerait sur la probabilité d’occurrence d’un futur en fonction de différents paramètres
ni une prédiction : puisque prédire l’avenir repose sur le postulat que l’avenir est écrit
ni une projection : puisque cela signifierait que le futur est une extrapolation du présent
ni une prospection : puisque cela signifierait qu’il y aurait un « stock» de futurs à aller explorer
ni une stratégie : puisque une stratégie est l’art de coordonner des actions en vue d’un objectif particulier
La prospective c’est…
Gaston Berger parle de science de « l’Homme à venir » qui permet de faire émerger les aspirations des hommes à travers l’étude de différentes situations souhaitables et désirables.
Néanmoins, pour lui et les prospectivistes, avant d’être une discipline ou une méthode, la prospective est une attitude, un état d’esprit qui repose sur 5 principes :
1- voir loin
fixer un horizon lointain à la réflexion pour s’affranchir de ce qui est connu (culture, histoire, moyens, croyances, système de pensées, etc.) et favoriser ainsi la créativité, l’innovation
2- voir large
reconnaître que chacun détient un fragment d’une image de la réalité, chaque fragment est complémentaire et non opposé - Gaston Berger disait que « les vérités fragmentaires sont parfois aussi nocives que les erreurs. »
co-construire et partager une vision individuelle et collective plus complète de la réalité
ce qui permet l’appropriation par chacun d’une réalité plus complète et permet de redonner du sens à l’action et de s’engager dans un projet commun en co-responsabilité (en anglais « responsability » traduction littérale « habilité à répondre de façon adaptée à une situation donnée)
3- creuser profond
se poser les bonnes questions : questionner une situation ou un problème pour aller aux causes racines et non pas rester sur une lutte contre un effet non désiré (la manifestation du problème)
Woody Allen disait “ La réponse est « oui », mais quelle est la question ? “. Dans la précipitation et l’urgence on oublie de s’interroger sur le bien fondé des questions posées et l’on se précipite dans une quête illusoire de réponses à de fausses questions. Or, il n’y a pas de bonne réponse à une mauvaise question.
garder à l’esprit :
que les conséquences des décisions prises se produiront dans un monde totalement différent de celui dans lequel elles auront été préparées
que chaque génération a l’impression de vivre une époque de mutation sans précédent puisque c’est la seule qu’elle vivra ce qui amène a surestimé l’importance et la rapidité des changements
que l’histoire ne se répète pas mais que les comportements humains se reproduisent : le passé montre que placés dans des situations comparables, les hommes conservent une similitude de comportements qui les conduisent à réagir de manière quasiment identique et par conséquent prévisible > le rêve du clou : ignorer que le marteau existe quand il faut enfoncer un clou et le risque du marteau : sous prétexte que l’on connaît l’usage du marteau finir par croire que tout problème ressemble à un clou
4- prendre des risques
oser sortir des idées reçues
oser s’affranchir de la « tyrannie des idées dominantes » (Michel Godet): modes, tendances…
oser s’affranchir d’un certain conformisme de pensées et d’actions
5- penser à l’Homme
quand dans un quotidien en perte de sens, les finalités se confondent avec les moyens, la prospective remet au centre de ses préoccupations l’Homme connecté et interdépendant à son environnement : éléments et autres êtres vivants
la finalité est le bien-être humain et non la maîtrise des moyens
La prospective induit… un changement d’attitude
devenir acteur
développer une vision systémique
créer des synergies
traduire le réel en partageant nos « vérités » pour co-construire et s’approprier une image plus complète de la réalité
impulser une énergie nourrie par le sens et la liberté d’action propice à l’engagement
“La prospective : Pourquoi, quoi, comment ?” (introduction atelier prospectif de Lagrasse DDTM11, CD11, CA de Carcassonne et du Narbonnais, CC du Lézignanais - 30 mai 2021) - Delphine Huy
Un livre très inspirant et éclairant que je vous recommande si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet : La prospective stratégique - Michel Godet