Une autre façon de regarder le monde
... et se poser les bonnes questions !
Deux visions du corps humain, deux visions du monde
Développer une vision systémique (interdépendance entre les choses) c’est se donner les moyens de se poser les bonnes questions pour identifier les bons éléments du système sur lesquels agir pour solutionner un problème... et même mieux, ne pas en créer. Prévenir vaut mieux que guérir...
L’exemple des médecines orientales
Pour illustrer ce propos, regardons l’approche systémique du corps humain des médecines orientales et l’approche spécialisée de la médecine occidentale.
Les médecines orientales voient le corps humain comme une unité où chaque organe, cellule interagissent en interdépendance les unes des autres de façon à rester en équilibre. Elles peuvent ainsi identifier les racines d’une maladie et mettre en place un protocole de prévention pour qu’elle ne survienne plus.
La médecine occidentale voit le corps humain comme un ensemble de pièces détachées et soigne la pièce qui a mal et pour laquelle elle est spécialisée. Elle soigne les effets mais ne va pas forcément rechercher les causes « racine ».
Ces deux visions induisent des comportements différents :
les médecines orientales sont des médecines orientées sur la prévention
quand la médecine occidentale est une médecine de crise ou de l’urgence
Si les deux approches sont pertinentes, il n’est pas soutenable de se retrouver à éteindre des feux qui s’allument tout le temps et de toute part. Autrement dit, il n’est pas normal que l’état d’urgence dure.
Du corps humain à la société
Il en est de même dans nos sociétés. Si des prises de conscience permettent l’émergence d’une approche systémique notamment dans le domaine de l’environnement, elles ont du mal à percoler chez les Humains. Nos sociétés en crise courent et s’agitent pour éteindre des feux qui s’allument un peu partout. Tout est urgent, brûlant. Et des sujets urgents, il n’en manque pas : la pauvreté, le climat, l’extinction des espèces, les pollutions, l’énergie, le pouvoir d’achat, les pandémies, l’amenuisement des ressources naturelles, etc, etc.. La crise crée de l’agitation, des paradoxes, des incohérences, des éparpillements qui ne font que renforcer les peurs et... les egos. Personne ne sait prendre le temps du recul pour calmer le jeu, poser les bonnes questions pour identifier les bonnes solutions (càd s’assurer que la solution n’est pas pire que le problème) et déjà «juste» faire en sorte que cela ne se produise pas.
Développer une vision systémique ouvre, non pas, sur des choix binaires (oui/non, pour/contre, d’accord/pas d’accord) mais bien sur un champ infini de possibles.
Il n’y a jamais de bonne réponse à une mauvaise question.
Car comment répondre justement à une situation sans la comprendre, sans la remettre dans un contexte plus large que ce que nous voyons. Et nous croyons si facilement que ce que nous voyons EST LA vérité. Pourtant, comment notre seul regard saurait embrasser la complexité du monde ?
Vers un autre regard sur soi
Aujourd’hui, la pression pour opérer un changement de comportement est plus forte. En effet, avec l’amenuisement visible des ressources naturelles, de plus en plus de personnes prennent conscience des menaces de nos modèles socio-économiques sur l’environnement et mesurent l’importance de changer quelque chose.
“ Un problème sans solution est un problème mal posé. “ - Albert Einstein
Cette prise de conscience de l’impact de l’activité humaine sur les autres espèces vivantes et les ressources naturelles marque un tournant dans la façon pour l’Homme de se voir dans le monde.
L’espèce humaine n’est plus cette espèce indépendante à part de toutes les autres. Elle entretient avec son environnement et les autres espèces vivantes des liens d’interdépendance. L’Homme n’est pas à part mais fait bien partie de cette biodiversité au même titre que toutes les autres espèces.
Pourtant à travers nos actions pour préserver la biodiversité, protéger les espèces vivantes, nous restons focalisés sur les effets autrement dit sur ce qui est extérieur à nous au lieu de regarder en nous-mêmes.
Et si tout ce qui se passe à l’extérieur n’était que le miroir, l’expression de nos propres peurs derrière nos comportements, les modèles économiques et sociaux, les luttes, les combats, que nous menons chaque jour contre tous les «ceci-cela»...
Et si aujourd’hui cette prise de conscience écologique tournée vers la Nature n’était là que pour nous montrer le chemin vers l’écologie de soi...
Et si nous osions, enfin, vraiment questionner les causes derrière les effets... Et si nous osions aller à la racine peut-être verrions-nous à quel point nos existences affairées à courir après le temps, après l’argent, après le dernier smartphone, après la dernière voiture tout électrique, après les médailles, les honneurs, la gloire, après les luttes contre, etc, etc, ne font que révéler que nous sommes vides de l’Essentiel : notre véritable Vie... LA VIE...
Oser regarder en soi c’est peut-être prendre conscience que nos peurs n’ont d’autre pouvoir que de nous faire créer des choses non pas pour les dépasser mais bien pour les entretenir... et rester mort-vivant...
Premiers petits pas possibles
... en finir avec la grande illusion de l’égo collectif humain
Rien dans la Nature n’est blanc ou noir. La Nature est l’expression des nuances infinies de la Vie où le blanc et le noir n’en sont que deux couleurs. C’est cette pluralité qui fait d’ailleurs notre émerveillement d’humain.
Croire que l’être humain détruira la Vie sur la Terre et quoi d’autre l’Univers (?!) est sans doute la plus grande illusion de notre égo collectif d’humain. Comme si nous pouvions avoir raison de ces forces naturelles : le vent, le soleil, les océans, les volcans, le climat, les glaciers.
Par contre, oui, l’espèce humaine saura se détruire elle-même sous le joug de ses propres peurs collectives et individuelles. Ni la Terre, ni la Nature n’ont besoin des Hommes et la Vie renaîtra comme en témoigne l’histoire de la planète.
... accepter les zones d’ombres et faire confiance à la Vie
Commencer à voir les liens d’interdépendance entre les choses ne signifie pas que tout ce que nous déciderons sera «bon», ni ne signifie que nous détenons LA vérité, ni ne saurait donner un sentiment de puissance... au contraire.
Développer une vision plus large des choses permet d’accéder à une autre conscience capable d’embrasser la complexité des choses... la complexité de la Vie.
Développer une vision systémique du monde, c’est faire ce premier pas pour reconnaître l’Intelligence de la Vie qui s’exprime à travers cette complexité. C’est comprendre que la Vie comme la Nature et tout ce qui en émane, l’espèce humaine y compris, obéissent à un ordre d’une cohérence parfaite où tout a une raison d’être. C’est donc aussi accepter de ne pas tout comprendre... accepter que tout ne peut pas être expliquer... accepter que ces zones d’ombres appartiennent aux mystères de la Vie et qu’elles échappent à notre entendement. Accepter que ces mystères que nous ne comprenons pas et mêmes qui ne sont pas accessibles à notre conscience sont autant de champs de possibles d’où la Vie peut émerger pour dénouer, d’une façon aussi inattendue qu’incroyable, un problème insoluble ni même accessible à la raison humaine.
Et si développer une vision systémique c’était s’autoriser tout simplement à faire confiance à la Vie... et voir dans un évènement qui nous rend triste ou en colère, non pas l’adversité mais une formidable opportunité de nous transformer et de grandir...
Ce n’est pas l’histoire qui se répète mais les comportements humains. Face à des situations qui semblent comparables, ils reproduisent les mêmes comportements et se rendent ainsi captifs des évènements qu’ils créent en boucle.